Jacques Potherat c’était non seulement la tête et les jambes du monde automobile ancien, le pape du Cyclecar, mais aussi un fervent MG’iste, ce qui amène dans ce trophée un nombre considérable de MG d’avant guerre. Sur 50 voitures on comptait une dizaine de MG (J2, F2, T spécial, TC plus une dotation de TD qui bénéficient pour leur présence d’une bénédiction absolvant leur tardive date de naissance). Un viatique bienvenu qui nous permit de participer avec la MG TD. C’était également la première apparition en rallye de la F de Marc Aubert – leader de notre groupe MGCF avant guerre – une splendide automobile que nous aimerons revoir souvent.
L’immersion dans un monde où affronter la boue, la poussière le bruit et la fureur, où sortir son engin couvert est un pêché (raccord avec la Cité des Papes) se traduisit pour les impétrants – aux vues des conditions climatiques du départ – en une sorte de mise à l’épreuve de notre capacité à rouler différent par la communauté qui nous recevait. Tel était le jeu que nous souhaitions jouer, et duquel nous avons retiré énormément de plaisir… et de nombreux nouveaux amis.
Le verdict quant à notre intronisation n’apparut à travers les discussions ouvertes avec nous par les anciens que vers la fin du premier jour. Moment où les syndiqués s’approchèrent et nous laissèrent entendre que nous avions une chance d’être réinvités l’an prochain. Mais nous, nous étions conquis depuis l’instant même ou nous avions parcouru le parc concurrent.
Conquis par les paysages, conquis par le cortège improbable, conquis par la chaleur de ces très grands enfants, affrontant la côte des baux de Provence avec une Darracq 1908 ou des tricycles pas vraiment poussifs. Conquis par les moustachus dépassant des trois quarts de leur carcasses de cyclecars français uniques et bas sur pattes, conquis par le racer de JP maintenant dans le mains de notre ami Gerard Vaseur…et affrontant en hommage a Jacques les terribles côtes du vignobles de château neuf du pape; conquis par le vrombissement de la célèbre Monaco de Michel Loreille ou de la TD d’Eric Benson au sortir du village dont le maire n’est autre que le frère de J. Potherat.
Conquis enfin par le spectacle des parkings improvisés ou malgré bruits, fureur, pétarades, arrivées au timing improbable, le génie de l’anarchie « à la Vercingétorix » permettait d’aligner ma foi au final des parkings impeccables digne des phalanges romaines.
A force d’échanger sur le respect que nous pouvions avoir pour la liberté affichée de ces Cyclecaristes (devise du genre « ni Dieu ni maitre ni club de marque »), nous fûmes heureux de convaincre certains de ces preux chevaliers MG’istes de rejoindre les rangs du club et de renforcer les bataillons d’avant guerre pour nos prochaines épopées.
Que Alain Tremont à la TC et Alain Maillet à la J2 soient ici remerciés, tout en sachant que nous respectons aussi la farouche liberté des autres. Et que nous aurons plaisir l’an prochain à parcourir à nouveau avec eux les routes du Comtat Venaissin à la poursuite de l’entonnoir masqué.
Remerciement à l’organisateur M Palun pour sa belle évocation de la région et de l’amitié.
Equipage Philippe Aubry / Alain Bothorel