La traversée du « Channel » ne durant qu’une vingtaine de minutes, il est temps de regagner nos sièges et de poursuivre notre route vers notre lieu de villégiature, le Milton Hill Hôtel. La bâtisse, charmante maison de maître géorgienne, est entourée d’un parc de 22 hectares, et, est située à seulement 13 miles d'Oxford. Ses illustres résidents comprennent le roi William III, Pierre le Grand, et Sir Mortimer Singer des machines à coudre du même nom. Ce dernier, en tant que propriétaire, se chargea de réaliser de grandes modifications de la maison et du domaine, ceci au début des années 1900. Compte tenu des trouvailles de Philippe et Marie-Caroline dans leur chambre, le manoir a également dû être fréquenté par Madonna. Mais ce ne sont que des suppositions…
Une fois les valises posées, direction Abingdon et le « County Hall Museum ». Ce musée nous intéresse particulièrement car il possède la dernière MGB produite. Etant donné la couleur du véhicule, on peut comprendre pourquoi…
Historiquement, ce bâtiment a été construit par le tailleur de pierre Christopher Kempster, personnage ayant travaillé avec Sir Christopher Wren sur la reconstruction des églises à Londres, après le grand incendie de 1666.
À l'origine utilisé comme salle d'audience pour les assises du Berkshire, le County Hall a également été un lieu de divertissement et, depuis 1761, le lieu de la traditionnelle «bun lancer» pour commémorer les événements royaux. Un musée a été installé dans le bâtiment en 1919, et, après de vastes travaux de rénovation et la restitution des collections dans le cadre du projet « Heritage Lottery Fund », celui-ci a rouvert ses portes en 2012. Sur la terrasse de l’édifice, Bob, un « Volunteer » (Bénévole) répond aimablement à nos questions. L’une d’elles, est bien entendu l’emplacement des anciennes usines MG. La réponse est intéressante car il nous indique dans le lointain la direction d’une croix d’église…
Après une courte visite de la ville, pris un peu de temps pour admirer la Tamise ainsi qu’un petit parc dédié à MG, nous poursuivons notre pèlerinage. L’étape suivante est de retrouver la Kimber Road afin d’y photographier la coupe Nuffield, coupe que le MGCF a remporté pour la troisième fois en 2016 et qui doit retrouver ses propriétaires afin d’être remise en jeu. La coupe Nuffield tient son nom de William Richard Morris, fondateur de Morris Motors Limited. Il devient en 1934 Lord Nuffield du nom du lieu où il vécut. Nous continuons notre périple pour nous arrêter dans un pub situé au 69 Oxford Road.
Pourquoi est-ce que j’arrive à retenir l’adresse d’un pub ? Tout simplement parce qu’il s’agit de « The Boundary House » la maison que feu Cecil Kimber occupa entre 1933 et 1938 ! A l’extérieur, nous observons une plaque commémorative apposée en juillet 1990 par le « New England MG-T Register » lors de sa venue en Angleterre. J’aurai levé les yeux beaucoup plus haut, j’aurai également vu un disque bleu apposé lui par le « MG Car Club Abingdon ». A l’intérieur, petite déception. La décoration rappelant l’ancien locataire est assez minimaliste et reste cantonnée derrière une table de DJ. Mais même si la fameuse bière « Old Speckled Hen » ne figure pas à la carte, rien ne nous empêche de trinquer au moment présent !
La soirée étant bien avancée, nous nous dirigeons vers notre lieu de restauration, le « Nags Head on the Thames » très bonne adresse dénichée par Maxine et située comme son nom l’indique, le long de la Tamise. Après une petite soupe très « Spicy », The plat ; Un fish and Chips mémorable faisant encore très certainement polémiquer dans les chaumières.
Le crumble n’est pas encore arrivé que je vois Christian arriver vers moi tout sourire. Qu’est-ce que j’ai fait ?? Et bien encore rien, mais étant les petits derniers arrivés au club, Noëlle et moi sommes en charge du compte rendu du séjour. Damned ! Que God Save the Queen et nous aussi…
Après ce fastueux repas à 10000 calories, il est temps de rentrer passer une bonne nuit et commencer à prendre des notes.
Dimanche 22 janvier 2017
Le fastueux petit déjeuner anglais n’étant pas encore ingurgité, que les premières anecdotes de la nuit passée fleurissent. Quid de la petite culotte de Philippe, pardon, de Madonna ; Le fait est bien plus grave ! Sachez que Patrick ronfle !! Quel Patrick me direz-vous, et bien celui partageant sa suite avec Alain. Quel Alain, bref ! Ce dernier, ayant dû s’exiler matelas compris dans les commodités, afin de pouvoir respecter les deux heures réglementaires de sommeil avant de reprendre le volant ! Quel professionnalisme … Tout cela se réglera autour d’un plat de fayots et de bacon ! What else…
Après avoir quitté sa brosse à dents les yeux encore un peu collés, nous retrouvons Christian et son plan de bataille pour la journée. L’objectif qui va nous occuper une bonne partie de celle-ci, après avoir tout d’abord délicatement abandonné Maxine plus entrain à renifler les bonnes affaires à Oxford que celle des pistons, se situe à une cinquantaine de kilomètres, au-delà d’une petite commune nommée Gaydon.
Si nous croisons des panneaux indiquant le Jaguar Trust Heritage, Aston Martin ou Land Rover, notre destination finale est la Mecque de ce qui se fait de mieux sur quatre roues chez nos voisins britanniques : Le British Motor Museum. Vu que sur la M40 (autoroute britannique reliant Londres à Birmingham) nous n’avons réussi à semer personne, nous entrons tous de concert dans cet antre afin de faire la queue au péage ; pardon à la caisse. Là encore, Christian se rue au-devant de nous avec ce même sourire de la veille pour nous annoncer que l’entrée au musée est comprise dans l’honorable forfait. N’empêche, avant de nous ruer sur la collection promise, nous devons essayer de faire tenir un autocollant bien visible sur nos vêtements. Enfin, apparaît celle qui nous rassemble ce week end. La Old Number One ! La première création de Cecil Kimber, immatriculée en 1925 sous le numéro FC 7900. Une bête rouge de 1496 CC pour 4 cylindres et une vitesse maxi de 82 mph (132 km/h).
Ce jour-là, si une mouche se serait posée sur la carrosserie, elle serait depuis aveugle compte tenu du nombre de flashes crépitant autour de la belle. L’émotion passée, nous poursuivons notre pèlerinage, et après avoir croisé Type-E, Mini et Rolls Royce, nous tombons nez à nez avec une boîte Matchbox Géante surmontée d’un prototype MG Mini Ado 34 de 1964. Surprenant, mais pas autant que la MGB GT de 1965, soigneusement découpée en deux, nous permettant ainsi de pouvoir l’admirer plus intimement. Après avoir fait mon japonais, je la délaisse à regret pour d’autres sublimes véhicules. Je ne vais pas faire d’inventaire à la Prévert, pour ne pas dévoiler à ceux qui désirent venir visiter ce magnifique musée. Personnellement, je serai quand-même bien reparti avec une Jaguar Type-D.
Après avoir tourné et retourné dans les moindres recoins de cette rotonde, je reviens vers les deux demi GT où je croise Nicolas ayant la bonne option sur son téléphone : celle de pouvoir faire des photos panoramiques. Le résultat ne convenant pas, il arrive à négocier à des visiteurs anglais, le chariot d’un bambin pour un travelling improvisé à la John Huston. Grâce au précieux autocollant du musée, pour ceux qui ne l’ont pas perdu, et vu le nombre traînant au sol il y en a quand même pas mal, nous nous dirigeons vers un deuxième bâtiment regroupant toute une collection de Jaguar. Là aussi, bien envie de repartir avec quelques spécimens. Pourquoi pas une SS (Sidecar Swallow) produite avant-guerre et qui changea ses initiales en 1945 pour les raisons que l’on connaît.
Après une pause à la cafétéria du musée et un petit tour à la boutique, il est temps de poursuivre notre route. Destination suivante, Oxford et ses Universités à l’architecture spécifique. La grande difficulté dans ces villes quand on se déplace en convoi, même en empruntant des sens interdits, c’est de trouver un parking. Une fois celui-ci trouvé, l’autre difficulté est de savoir utiliser le parcmètre… Après avoir récupéré une Maxine avec un sourire jusqu’aux oreilles pour le mètre cube d’achats effectués, nous déambulons dans le centre ville au gré des belles bâtisses. La nuit arrivant vite, nous entrons avec Alain, Denis et Patrick au « Crown », un pub du 16° siècle situé dans Cornmarket street. En quittant le site, le canapé d’Alain est complètement enfoncé. Cela voudrait-il dire que nous avons affaire à un faux maigre ?? Nous retournons aux véhicules et nous dirigeons vers le resto du soir. Enfin, au bar de celui-ci je peux enfin déguster une Old Speckled Hen. Pas extra, mais cela permet de goûter l’histoire. A la tablée genre grande famille (MG of course), nous est servi le fameux Sunday Roast complété par son pain du Yorkshire. Ce qui n’est quand même pas croyable, c’est que suite à cette journée mêlant belle mécanique anglaise et architecture, je puisse retrouver en Philippe et Philippe, deux MG Clubmen ayant fréquenté la même Ecole du Bâtiment que moi. Eux, bien entendu étant plus anciens… Le repas terminé, nous retournons à l’hôtel pour notre dernière nuit de ce week-end marathon.
Lundi 23 janvier 2017
Réveil ! Il est temps d’entamer l’ultime journée de cette escapade anglaise. Après un toujours super full breakfast, direction le British Motor Heritage, où sont encore fabriquées des carrosseries de MGB. Une partie des pèlerins sera déposée sur ce site créé en 1975, pour soutenir les propriétaires de voitures britanniques classiques par la fabrication d’éléments. Daniel y récupèrera d’ailleurs le certificat pour sa coque neuve. L’ « Usine », sera achetée en 2001 par BMW qui en fera la plus grande organisation de ce type au monde. A ce jour, la production totale s’élève à plus de 6000 unités pour des véhicules comme les MGB, MGR V8, MG Midget, Austin-Healey, Sprite, Triumph TR6, Mini Original et Clubman. Tout étant bien entendu assemblé avec du matériel d’origine. Bon, je parle, je parle, mais on m’attend, car je fais partie du groupe allant visiter le Blenheim Palace. Ce dernier du plus pur style baroque anglais, a été construit au début du 18° siècle entre 1705 et 1722.
Le site, ainsi que 240000 £, ont été offerts par la reine Anne à John Churchill, 1er duc de Marlborough après sa victoire lors de la bataille de Blenheim, sur les troupes françaises du Maréchal Tallard, le 13 août 1704. Cet endroit magique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est la résidence des ducs de Marlborough et, le 30 novembre 1874, y est né Sir Winston Churchill. Ce décor est utilisé depuis 1962 et le lancement de la MGB pour y réaliser des photos promotionnelles. Notre billet en main, nous profitons de la promotion pour le faire valider en pass annuel sans débourser un penny de plus. Nous avons droit pour l’occasion à une belle carte plastifiée surmontée d’un Blenheim Palace doré. A l’intérieur, Jacqueline, notre guide, nous attend pour la visite. Jacqueline est une personne charmante et très consciencieuse. Elle aborde chaque détail de la vie du « Palace » et de ses illustres locataires, tellement il y a à dire, avec un débit proche de celui de la Tamise. Maxine, nommée pour l’occasion interprète officiel du MGCF en arrive à perdre son anglais. Christian regardant sa montre et, en bon époux et pour des raisons de timing met fin à une visite guidée qui, vu le nombre de pièces restant à décrire devrait normalement se terminer le lendemain. Chaque pièce traversée pour rejoindre la sortie nous fait bien gagner une demi-heure. Nous prenons quand même le temps d’admirer la superbe bibliothèque. De retour au BMH, nous récupérons le gros du groupe, direction le MG Car Club pour notre dernier grand moment du week-end.
Le MG Car Club, est le club original. Il a été fondé en 1930 par l'usine MG et est fort de 50000 membres répartis à travers le monde. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif composée de neuf employés à plein temps. Le siège social du Club est situé à Kimber House sur Cemetery Road, qui était autrefois le siège et l'usine de la MG Car Company. Le grand patron ayant dû malheureusement s’absenter, c’est la souriante Liz qui nous accueille. Elle nous invite à pénétrer dans The Club pour partager un copieux brunch, et nous faire découvrir les locaux. Le Club comporte une exposition de véhicules composés d’une Midget, d’une MGB et d’une MGA. Il y a diverses collections sur lesquelles il est bien précisé que ce n’est pas à vendre, une boutique pour se rattraper et des archives entreposées comme dans nos archives nationales. Un bien très précieux que nous avons l’honneur de pouvoir admirer. Avant de quitter le club à regret, il nous reste une ultime tâche à accomplir, La restitution de la coupe Nuffield. Cela sera, mais après une dernière séance photo en sa compagnie et celle de tous les membres des deux Clubs présents.
Le chemin du retour est une course contre la montre pour récupérer le shuttle. La M25 ne nous retarde pas tant que l’on aurait pu le penser, mais nous venons de bien trop loin et une fois arrivés, nous ne pouvons que nous résigner à attendre notre tour. Cette attente est toutefois animée par une charmante policière (je plaisante) qui, après nous avoir fait parquer dans une sorte de couloir, nous demande très sérieusement sans nous faire sortir de nos véhicules respectifs, si nous n’avons pas avec nous des armes ou de la drogue. J’en connais qui lui aurait bien dit que normalement pour ce genre de propos elle devrait se situer du côté de ceux qui rentrent en Angleterre, Brexit oblige, mais ne la fâchons pas car il commence à se faire tard. Une fois la traversée effectuée, nous avons l’impression d’être retournés chez nos amis britanniques tellement le brouillard qui nous accueille est à couper au couteau. Celui-ci nous accompagnera d’ailleurs jusqu’à la capitale, ou, après avoir déposé nos voisins de banquette nous retrouvons notre foyer pour un repos bien mérité.
Fabrice et Noëlle Cavanna
Merci à Christian, Maxine, Denis, Patrick, Alain et tant d’autres sans qui ce voyage n’aurait pu être possible.