Après un parcours en direction de Calais, le Shuttle, vingt minutes environ, et nos roues touchent le sol anglais.
Nouveau parcours autoroutier, agrémenté d’une pause (peut-on qualifier d’agrément une pause dans un de ces temples de la restauration rapide ?) jusqu’à Southampton et l’hôtel Ibis, où sont réservées nos nuitées. Répartition des chambres, mais l’heure fatidique étant passée, tintin pour une boisson régénérante.
Samedi matin, dispo ou presque (merci la soufflerie de la clim), après avoir ingurgité le traditionnel breakfast anglais, direction Beaulieu. Nous voici bientôt aux portes du paradis des collectionneurs, une entrée, avec une note, «attention les bidets et les vaches sont en liberté, merci de ne pas jouer au billard avec» (humour).
Nous voici, après un détour rural, sur le parking. Première surprise, le nombre d’anciennes sagement rangées dans les allées.
Seconde surprise, l’ambiance, très conviviale, détendue, pas de malades surexcités pour grappiller une place. Il fait beau, et nous découvrons bientôt l’immense espace qui s’ouvre devant nous. Troisième choc, l’Autojumble, c’est gigantesque. Paré ? Sacs au dos, appareil photo chargé, andiamo.
Première étape, l’enceinte de vente des particuliers, s’y côtoient le pire et le meilleur, le pire des bitzas, ou des semi épaves à restaurer, le meilleur des autos dans un état concours, de la Seven des années trente, aux XJS récentes. Ça discute ferme, négocie, tout cela dans cette ambiance particulière so british.
Seconde étape, un petit tour à la vente Bonhams. Comme chez Artcurial, il faut laisser quelques « Pounds » pour être autorisés à entrer. Nos moyens financiers étant limités, nous nous contenterons d’en parcourir les extérieurs. Une sortie de grange « I presume », parce qu’il y a plusieurs Alvis, dans un état proche de la décomposition, l’œuvre, sans nul doute, d’une longue immobilisation au sein d’un hammam anglais.
Troisième étape de cette journée Marathon, la brocante. Alors là, mes amis, si le mot Byzance a une signification, c’est ici qu’elle peut s’appliquer. Des hectares de stands, et de tout à vendre. Lorsque je dis tout, ce n’est pas un euphémisme. Ainsi Odile trouvera son bonheur avec un sac à main en croco, siglé Jaguar. Une petite merveille conservée certainement avec un soin jaloux. Hervé fera son bonheur avec des miniatures plutôt usagées, mais synchrones avec une époque bien définie.
Nous trouverons ainsi une officine, qui reconditionne des boîtes de vitesse pour MG, en trois ou quatre synchros, avec overdrive, pour un tarif enfin abordable.
Une autre boutique, représentante d’une société qui propose des produits pour la maintenance des autos, rénovation de réservoirs, protection par électrolyse, de petites pièces d’accastillage, mais accessible au plus novice des novices…
Nous avons pris les références de ces deux sociétés, au cas où…
Nous avons trouvé une MG B en état assez pitoyable, mais sauvable, agrémentée d’un hard top ; manquaient quelques éléments, mais pas les plus difficiles à trouver pour cette auto. Dommage, nous n’étions pas équipés pour un rapatriement de cette brave B.
Mais l’heure tourne, 18h30, toute l’équipe se retrouve au Brabazon, le restaurant self-service sis à l’entrée du site, qui ferme à 19h00 précises. Personne ne souhaitant, après cette journée de marche, faire un trekking dans la campagne anglaise, pas d’absents à l’appel. Tout en attendant J-Jacques notre chauffeur/mentor/guide/organisateur, et le minibus, nous sirotons une bonne bière anglaise, fraîche à souhait, en échangeant sur nos diverses découvertes.
Vingt heures, nous repartons pour le centre de Southampton, pour notre diner (ben oui depuis potron minet les estomacs bien lestés au breakfast, commencent à crier famine). Une rue piétonne, une terrasse, si l’air n’embaume pas la campagne, il est suffisamment doux, pour que cet endroit soit particulièrement le bienvenu. Chance, la patronne, française, a certes commis l’erreur d’épouser un britton, mais au moins le menu est-il agréable à nos délicats palais. Moment sympathique dans ce centre-ville, l’atmosphère est détendue, les filles court vêtues et joyeuses profitent de leurs soirée, par contre, les garçons commencent à sérieusement rouler des mécaniques (japonaises, les anglaises étant rares et très onéreuses). Je n’en dirais pas plus, le mieux est encore de se rendre sur place, le premier week-end de septembre.
Dimanche matin, notre programme prévoit la visite du National Motor Museum, du Château, ou plutôt « Palace House » de Lord Montagu, l’Abbaye attenante et les jardins.
Le National Motor Museum : un résumé de la production automobile, et motocycliste, anglaise, avec quelques exceptions françaises (Gobron Brillié, Bugatti, Renault, Citroën…), une mise en scène vivante d’un garage, des engins rares, comme le Bleu Bird, ou des Sunbeam de records, des vitrines, un petit « train » (un peu comme le train fantôme des fêtes foraines) qui vous transporte depuis l’antiquité, vers le contemporain mécanisé. Bref ! Un incontournable pour amateur d’automobiles anciennes.
Le Palace House : ceux qui ont suivi le feuilleton Downtown Abbey ne seront pas dépaysés, y compris avec à l’accueil, la nurse et le majordome en tenue très victorienne. Tout ici n’est que luxe discret, presque monastique, ce qui incite au calme, à la réflexion. Un peu à l’image de certains castels bretons, un bras de mer (un aber), la Beaulieu River, tout proche, vient baigner le muret d’enceinte. Pour terminer sur cette note un peu « so british », tout au long du parcours sur les terres de Beaulieu, un de nos compagnons parlait de l’inspecteur Barnaby, et bien Beaulieu et ses environs c’est exactement ça.
L’Abbaye : il n’en reste pas grand-chose, le temps et les hommes de guerre ont fait leur œuvre. Datée de 1246, fondée par Jean d’Angleterre, elle est fille de Cîteaux, et donc d’architecture cistercienne à l’origine, elle en garde l’implantation, et la discrétion dictée par l’ordre, en s’intégrant parfaitement à ce panorama de fond d’aber. Elle sera dissoute sur l’ordre d’Henri VIII d’ Angleterre, après que ce dernier ait établi le rite anglican.
La chapelle reflète cette simplicité anglicane, pas de dorures, des murs peints en blanc, un décor presque rigide. Une promenade au sein de ces ruines, soigneusement entretenues, est un voyage dans l’histoire de ce district du Hampshire.
Retour à la brocante, pour d’ultimes « chines », quelques pièces neuves pour nos chères « B ». Quelques rencontres aussi imprévues qu’insolites dans cette contrée, trois Tchèques, un Polonais, un couple d’Australiens, qui poursuivra sa route vers Goodwood le week-end suivant, un couple d’allemands, tous membres de clubs MG nationaux.
Comme toujours, suivant l’adage : « il n’est de bonne compagnie qui ne se sépare », après quelques heures de route, où le rire et la bonne humeur seront de mise, nous reprendrons chacun le chemin de nos pénates respectives, en nous promettant comme toujours après une telle aventure, de nous retrouver, peut-être, l’année prochaine, mais ce qui est plus sûr, l’Esplanade St-Louis devant le Château de Vincennes en octobre.
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Jean Paul Le Buzith
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